OVERDOSE



Je vous avoue que je préparais mon dernier texte, histoire de clôturer 2020, cette première année de mon blog et quelle année, avec des petits points drôles et légers. Mais voilà, je viens de vivre un truc complètement fou qui m'a coupé l'herbe sous le pied. J’ai donc eu envie d’écrire, un peu. Non beaucoup! 

Mon dernier texte de 2020 ne sera donc pas celui là. 

Alors par où commencer. J’ai tellement envie de vous raconter la fin… Mais tellement. 

C’est encore une histoire de garçon, de site de rencontre et de désillusion. Je sais je ne suis pas vraiment originale. Mais attendez. Là, j’ai mis la barre vachement haut.
Il y a une semaine, j’avais un gros gros coup au moral. Pourtant j’avais passé de belles heures avec César, mon amant roux. Sous une couette en coton dans la pénombre d’un après-midi de fin d’automne. Mais une fois parti, j’ai eu un petit coup de mou. Un vide assez fou en fait. Ne pas pouvoir sortir boire un verre, terminer cette journée seule sur mon canapé, le sachant lui au chaud chez sa femme, m’a secouée. J’ai sombré, pleuré et en me servant un verre de vin, j’ai réactivé Tinder. Erreur. Oui je sais. Après quelques minutes à switcher de gauche à droite, un match a éclairé l’écran de mon Smartphone. Stéphane semblait intéressant. On a vite échangé. Etrangement il écrivait bien, avec des mots justes et tout était bien formulé, dans un français plus que correct. C’est important de le préciser. Les habitués des sites de rencontres comprendront. 

On s’est appelé, on a passé un bon moment à bavarder. Il ne semblait pas bête du tout. Il travaille à l’Assemblée Nationale, il est assistant parlementaire. Intéressant. Vif et qui s’intéresse à moi, à l’autre. On se donne rendez-vous la semaine prochaine, quand mon fils sera chez son papa. Je ne prends aucun rendez-vous quand il est là (sauf César, mais lui c’est mon exception…). Il est ma priorité et si l’homme qui veut me rencontrer ne le comprend pas, by by. 

Seulement la vie a fait que mon fils a été invité ce week-end, chez son meilleur ami pour l’après-midi et la nuit. J’ai donc envoyé un message à Stéphane pour lui dire qu’on pouvait aller se balader, et faire connaissance en fin de journée. Il habite un quartier proche de St Lazare et je revenais de cette douce banlieue que j’aime tant, par cette gare parisienne. 

Il a peu à peu commencé à m’envoyer des messages un peu rapides et tendus. Il voulait venir chez moi. J’ai gentiment et très poliment refusé. Pas question de le faire entrer dans notre cocon avant de le connaître. Mais comme je ne regrette pas cette décision. 
Après moult messages, assise dans ce train de la ligne L qui était stoppé à la gare de Becon-les-Bruyeres pour permettre aux voyageurs de descendre sous cette pluie fine, mon tel sonna une fois de plus. Il me donnait son adresse, ses codes…Puis il m’appela dans la foulée. 

Je lui ai demandé s’il avait du thé, ou si j’en apportais. Il me répondit qu’il me ferait un thé avec plaisir, mais que lui était à la vodka. Ah oui, j’ai oublié de vous préciser un détail important (pour moi hein, pas pour lui), il était 16h. 

J’envoie alors un message, puis deux, puis douze à mon amie si précieuse, Berly’. Je lui envoie l’adresse, les codes, et je lui demande d’appeler la police si dans deux heures elle n’a pas de nouvelles. N’importe quoi hein. Je le sentais bien cet abruti finalement … Pourquoi y suis-je allée?

J’arrive dans son quartier de la rue des Martyres. J’adore cet endroit qui me rappelle mon arrivée sur Paris, il y a plus de vingt ans. Il marque des points en habitant là. En dix minutes il m’a envoyé dix messages : « t’es où ? » « T’en es où ? »,  « tu arrives ? »… Tendu le garçon.

Premier code 1918, deuxième code 1945…facile comme dates à retenir non! Je monte au deuxième étage. Je le découvre derrière sa porte entre-ouverte. Il est agité mais accueillant. Je fais un rapide tour du propriétaire du regard. Sur ma gauche une chaise haute, sur laquelle je dépose mon manteau, mon sac, mon écharpe. J’enlève mes chaussures, je n’aime pas garder mes chaussures quand j’arrive chez quelqu’un (j’aurais peut-être dû les garder cette fois-ci. Je vais réfléchir très sérieusement la prochaine fois avant de me déchausser). De la moquette « blanche », toute craspouille, couvre le sol. C’est un studio de 20 m2 je pense. Sur ma gauche, une fenêtre, avec un rideau tiré. Je ne vois pas la vue, en face de moi un bar, une micro cuisine est dissimulée derrière. L’un des deux meubles accrochés au-dessus de l’évier à une porte cassée, elle est donc de travers. Un ordinateur portable est ouvert, posé sur la droite du bar, de la musique en sort. Un son désagréable et peu harmonieux. Je tourne la tête légèrement à droite, un canapé d’angle, qui se transforme en lit, rentre parfaitement dans le coin de la pièce. Une porte et un espace se trouvent juste derrière, en prolongement de la cuisine. Sans doute la salle d’eau. Les tons sont maronnasses. Un nuancier de couleur crème, marron, beige, plus ou moins propre tout ça. Pas une touche de couleur. Pas un tableau. Juste des étagères et des livres posés, jetés, entassés. Étrange rangement. 
Un fauteuil, blanc avec des gros motifs noirs se trouve sur ma droite. Pas vraiment accueillant mais rassurant avec ses accoudoirs hauts et sa fine largeur d’assise.
Je m’y installe. Il me fait mon thé, j’aperçois une passoire, de l’eau chaude. Une tasse avec un logo promotionnel. 
Il me dépose la tasse fumante sur le verre sale de sa table basse, se plante devant moi et ma caresse la tête. Je m’écarte d’un coup d’épaule sec. Et je repousse sa main en agrippant son poignet. Je lui dis que je ne suis pas un chien, qu’il n’a pas à me caresser ainsi. On ne se connait pas…encore. Il recule, rigole, moi pas. Je saisis la tasse et je m’enfonce dans son fauteuil. Il s’assoit en face de moi et me dit, « Ta coupe de cheveux fait lesbienne, mais tu es vraiment sexy ». Je ris (jaune), je lui réponde qu’il est tellement cliché, que c’est à peine croyable. 

IL SE VEXE. 

Je me calme, je souffle sur ma tasse et je bois ce breuvage parfaitement dégoûtant.
Il se lève, encore, va dans le coin cuisine, augmente le son de cette musique brutale et agressive. Il se sert un nouveau verre de vodka. En boit une gorgée et laisse son verre sur le bar. Revient s’asseoir. Continue à parler, avec un fort élan égocentré. S’avance et prend mon pied droit dans ses mains. Il commence à me masser, je lui demande ce qu’il fait. Il me détend apparemment. Quand il tente d’enlever ma chaussette. Je le remercie et je redépose mon pied au sol. 

IL SE VEXE ENCORE UN PEU PLUS.

Il se lève, boit encore une ou deux gorgées de vodka, puis revient s’asseoir avec une assiette à dessert à la main, et me dit. Pas de coke alors ? 
Ah ben non… Je ne rêve pas. Là, sur la table basse à côté de mon téléphone, deux rails de coke sont alignés à côté d'une carte de visite écornée. J’imaginais que si ce moment arrivait un jour, tout serait bien plus classe. Une soirée, de la bonne musique, des corps tendus dans de belles robes, une lumière tamisée… Loupé. On me propose de la coke dans une assiette ébréchée des années 70, dans un appartement à vomir avec un mec déjà complètement défoncé. 
J’ai donc compris au bout de dix minutes que j’avais eu tord (mais tellement), d’encore un fois, d'aller, jusqu’au bout d’un rendez-vous. Parce que je rêve encore trop. Qu’un amoureux m’attend quelque part. 
Putain quelle nouille.

Alors il a continué de parler, et moi j’ai continué de sourire. Il s’est détendu, retendu… Et puis j’ai senti qu’il fallait arrêter tout ça. Je lui ai dit que j’allais y aller. 

IL S’EST VEXE BEAUCOUP, BEAUCOUP, BEAUCOUP CETTE FOIS.


Il s’est levé, m’a dit des choses méchantes. Je n’ai pas réagi. Je n’étais clairement pas en situation de force. Il s’est approché, m’a caressé la cuisse gauche et m‘a dit « hum »… Je l’ai repoussé. Il a reculé de deux pas, puis alors que j'renfilais mes chaussures, il s’est approché très prêt de moi. Trop prêt. Là, face à moi il ne disait rien mais bougeait et respirait bien trop proche de mon visage. 
J’ai vérifié de ne rien avoir oublié. J’ai inspiré fort et j’ai ouvert la porte ; je me suis engouffrée dans son couloir sombre, puis dans son escalier. Écoutant ses mots colériques lancés derrière moi. Puis la porte a claqué. 

Je me suis glissée dans la bouche du métro Notre Dame de Lorette. Mon cœur a mis deux bonnes heures à se calmer.  Je suis maintenant loin de cet individu, mais complètement sonnée par ma connerie. 

Bilan de cette expérience, de toutes mes expériences de 2020 : 

Vive les bars et plus jamais je n’accepte un rendez-vous chez un inconnu. Plus jamais. Sous couvert d’avoir besoin d’un amoureux, je me retrouve en difficulté face à un homme qui croit que mon objectif était de le sucer. 
Pourquoi faut-il que les hommes soient en 2020 toujours aussi futiles ? 
Et pourquoi suis-je encore aussi crédule? 

Je vous promets que le mec qui s’approchera de moi, sans me juger sur ma coiffure, sans vouloir me sauter après vingt minutes d’échange, qui ne sera pas marié, en me prenant comme je suis… il ne va pas être déçu. Utopie je sais. 

En attendant, je me sens bien nulle ce soir. Vivement 2021…




  

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

UN LÉGER DOUTE (plan A ou plan B)

SKRUK - VIS

LIER, DÉLIER, TISSER