UN LÉGER DOUTE (plan A ou plan B)

 



Reprendre mon clavier n’est pas de très bon augure. J’étais bien dans ma douce vie, bercée par mon quotidien. 

J’ai un peu hésité pour le titre de ce texte, je vous conseille donc la pièce « Un léger doute » de Stéphane de Groodt (je vous laisse imaginer les fous rires et les jeux de mots complètement dingues), cette pièce est sous-titrée « voyage en absurdie », parfaite illustration de mes dernières 48h finalement. Comme quoi étonnamment les étoiles s’alignent toujours étrangement pour moi. J’aurais dû m’en douter en même temps, cette histoire de prénom était déjà un mauvais signe. 

Par où commencer. 
Emplie de belles intentions, cette année je me suis éloignée de César, et de mon australien (qui est d’ailleurs devenu londonien depuis un an) ces doux amants mariés, qui continuent à me solliciter, ne me donnent plus envie. 
J’ai sans doute passé un cap, ma vie s’apaise depuis que j’ai décidé d’arrêter mes traitements. Je me sens bien, enveloppée dans mes émotions, prête à faire une belle rencontre. Un truc simple, sensuel et vibrant. 

Alors bon, oui, de temps en temps, je réactive Tinder, et je me suis à la rentrée, connectée sur Meetic, sous les doux conseils de Berly’, qui suis un peu mes déboires, et essaie de garder ma motivation active ! Pas toujours gagné tout ça. Sociologiquement c’est toujours bien intéressant quand même. Une fois cette application réactivée, installée sur mon canapé, je fais glisser les profils à droite ou à gauche ; et puis BAM un match et puis BAM … je m’agace. Ma patience est encore souvent mise à rude épreuve. 
Toujours les mêmes premiers messages. Voici un tout petit florilège des 4 derniers mois. Sur Meetic les garçons peuvent t’écrire sans que tu aies liké leur profil, donc ça donne souvent des 1ers contacts, des 1ères interventions qui me rendent vite caustique. 

Anthony, petit profil sympa. Mais au bout de deux messages il m’envoie des photos de lui en sous vêtements sexys (de fille hein… je ne sais même pas pourquoi je précise). Le body rose fuchsia en dentelle, et les bas, m’ont fait recracher mon café par le nez. Je n’étais pas prête je crois ! J’ai tellement pouffé de rire. C’est moche, mais bon ce n’est pas mon truc et je n’ai pas osé répondre. 
Supprimé.

Fab' qui, dès son premier message de contact, m’écrit : « J’adore votre nuque rasée » comme je ne réponds pas, il insiste avec, «Pénélope, parlons de votre coupe s’il vous plait ». C’est fou cette obsession. Je n’ai donc pas répondu, il avait quand même direct envoyé son numéro. Leur assurance me questionne. Supprimé.

Marck. Après un classique « Enchanté », envoie direct un « Comment tu vas ? Originale ta coupe, j’aime bien ». 
Supprimé.

Maxence qui pose avec sa fille ado, sur sa photo de profil (incompréhensible pour moi… qui plus est en lisant la suite du message), après un « Bonsoir » de ma part, il me répond « Bonsoir Pénélope, je suis dans le quartier latin et toi ? Je ne cherche rien de sérieux ce soir et toi ? Une étreinte de préliminaires réciproques. J’ai un faible pour les nanas plutôt dominantes au plan charnel. J’aime l’idée d’être utilisé comme un sextoy (emojis : éléphant, gorille, rhinocéros). 
Supprimé.

Ceci n’était donc qu’un échantillon, j’ai supprimé mon compte Meetic au bout de 8 jours, et je continue à aller sur Tinder de temps en temps. Motivée sans doute encore un peu, par l’utopie romantique qui m’anime. 

C’est avec un petit d’élan d’espoir (ou de désespoir), que j’ai ré-ouvert l’appli début décembre. Vous noterez que je n’ai pas d’élan de curiosité ! Cette étape est largement passée.
Etonnamment (oui je reste par contre étonnée), je matche avec un garçon plutôt classe, (lui ayant un abonnement il voit chaque like, donc il trie, une fois les profils examinés, c’est important de le préciser je trouve, car cela n’a pas le même enjeu que celui qui m’aurait liké après avoir juste vu mon profil, je détaille pour ceux qui sont encore vierges de cette appli, il y en a parait-il). Pour une fois, chose assez rare pour le noter, cet homme ne me parle pas de ma coupe de cheveux et n’aborde pas ses envies sexuelles tordues. Nous parlons rapidement de nos vies, de littérature, d’art…
Le rythme de la fin d’année ne nous ayant pas permis de nous rencontrer plus tôt, ou alors c’était sa temporalité à lui qui ne nous l’a pas permis, avec le recul je commence à douter. 

Nous avons donc échangé des dizaines de messages par jour depuis le 5 décembre, des échanges très personnels et assez agréables. Dévoilant un sacré bout de nos vies.
Premier rendez-vous prévu le 29 décembre et entre temps, on s’écrit donc beaucoup, beaucoup, beaucoup.

En bon gentleman, et oui j’apprécie, monsieur a réservé pour un déjeuner dans un restaurant entre chez lui et chez moi, en fait plus près de chez moi que de chez lui (on habite le même arrondissement parisien, alignement des étoiles risqué là aussi).

Après le déjeuner qui a duré plus de 3 heures, nous avons marché un peu, et le temps s’est mis à tourner, je lui ai proposé de monter chez moi, boire un thé (grosse erreur) ; le feeling était plus que palpable pourtant. Il m’avait offert un livre en sortant du restaurant, nous avions passé un vrai bon moment. Signe que je n’étais pas la seule à sentir un petit truc non ? Mais cette fois j’ai décidé de ne pas prendre les choses en mains (ceux qui me connaissent bien, rient). Envie d’un garçon qui fait le 1er pas ; pourtant l’envie de l’embrasser ne me quittait pas vraiment ; mais je me disais que c’était chouette de prendre son temps. Ok ok, la veille j’avais acheté et glissé dans mon sac, des préservatifs. Je vous vois rire, mais on ne change pas hein !! 

Une fois arrivé chez moi, il a un peu changé d’attitude. Il était gêné et a verbalisé cela, par le fait que finalement la situation était embarrassante et qu’on avait deux choix. 
Je n’étais pas certaine de comprendre, je lui ai donc demandé de m’expliquer. 
Les deux possibilités étaient donc « Le plan A et le plan B »… Là, il a fini de me perdre. 
Je lui ai demandé d’expliciter davantage.
« Le plan A : il ne se passe rien, on papote, il repart et on continue à échanger par messages en attentant le prochain rendez-vous. Le Plan B : on couche ensemble. Ce qui signifie pour lui qu’une vraie relation s’engage et qu’il abandonne sa prospection de Tinder. »
Sans déconner il m’a fait bugger. 

Je souris maintenant. Mais au fond de moi j’ai compris en 5 secondes que je m’étais fourvoyée. Mon cœur s’est émietté, et oui encore une fois. 

Cet homme est charmant, intelligent, cultivé, mais sans doute happé par l’envie de jouer à la roulette russe émotionnelle, il a préféré choisir Tinder et ses méandres plutôt que d’essayer de se laisser porter par le moment. Inexplicable.

J’ai fait un debrief rapide avec Berly’ qui comme moi n’a rien compris. Puis avec deux amis (sans e), histoire d’avoir un autre point de vue moins « féminin ». 
J’ai ri car mes deux amis m’ont répondu du tac au tac la même chose, un truc sur la mollesse testiculaire (c’est bon vous l’avez l’expression, signe de lâcheté masculine ?). 
L’un d’eux m’a dit ensuite « next , 2024 va commencer, enjoy ».
L’autre a été plus loin et me connaissant très bien (c’est un ex amant), m’a sorti des trucs qui m’ont fait cracher ma gorgée de vin blanc, tellement j’ai pouffé de rire. Je ne peux pas trop vous les écrire ici, mais bon en gros, qu’il était vraiment trop con ce gars, qu’il passait à côté d’un truc de fou. 

Je suis assez partagée, car franchement je crois que j’aurais adoré un peu de sensualité, et j’aurais peut être dû lui dire que bingo, c’était parti j’enlevais ma culotte !! Mais j’ai tellement été sonnée, que j’ai répondu sans réfléchir (y avait-il besoin de réfléchir finalement) que le plan B n’était pas une option, là, tout de suite (pourtant souvenez-vous j’avais de préservatifs sous la main hein !!). J’ai tenté de lui expliquer qu’il y avait des tas de plans possibles, et que faire l’amour n’engageait pas au mariage, à désinstaller Tinder (cela semblait assez important pour lui!). S’embrasser, se caresser, sentir l’alchimie se créer…ou pas… c'est ça non la suite logique. 
Suis-je la seule à être si peu « binaire » (pour reprendre son mot, lâché pour se justifier quand j’ai bégayé « Quoi ? Comment ça : Plan A Plan B ? »).

Alors voilà je termine encore une année avec des émotions toutes brouillées. J’ai mis deux heures à «redescendre », c’est peu et ça m’inquiète. Pénélope s’assèche. L’alignement des étoiles est flippant quand même souvenez vous, le 2ème prénom de mon ex, était le prénom du garçon avec qui j’avais eu une belle histoire à mes débuts sur Tinder, et cet homme là, porte aussi ce prénom. Les probabilités étaient trop élevées. J’aurais directement dû swiper à gauche. 
Il parait que 2024 sera mon année sentimentale, mais j’ai tout de même « Un léger doute » ce voyage en absurdie devient bien trop couteux pour moi.







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