UN VALENTIN A BERLIN
Valentin
à Berlin
Mes
dernières semaines ont été chargées. L’envie d’écrire était forte pourtant.
Mais le temps m’a manqué. Je rentre à peine de Berlin. Comme je suis amoureuse
de cette ville.
Une
vingtaine de profs, en route pour un projet européen. Une semaine un peu folle,
intensément riche professionnellement, avec des découvertes d’établissements et
de personnes, qui vous font relativiser la vie. Pourtant, je la relativise assez
bien la vie habituellement. Mais là j'ai encore pris une claque.
J’adore
marcher et flâner dans cette capitale européenne. Je commence à y avoir mes
habitudes, mais je continue aussi à y découvrir des lieux incroyables. Je viens
de compter, septième fois à Berlin en moins de trois ans. Dans deux mois, je
reviens pour un 8ème voyage, une surprise pour l’anniversaire de mon fils qui
est lui aussi envouté par cette ville, et qui y viendra pour la 4ème
fois.
J’ai
un ami précieux qui vit ici, c’est lui d’ailleurs qui m’a ouvert les portes de
cette ville en juillet 2017 quand mon mari est parti, et que je me suis retrouvée
seule à Paris en pleine radiothérapie à l’institut Curie. Il m’a poussée à
venir passer un week-end chez lui. Magique. Nous avons dîné ensemble mardi soir,
un moment simple et fort. Pas facile pour lui la vie en ce moment, j’ai essayé
d’être là, à l’écoute, présente. Il
était fatigué, on s’est quitté assez tôt. J’avais envie de marcher, j’ai
traversé quelques rues sombres et désertes, avec de la musique un peu forte
dans mes oreilles. Arrivée à la station de métro qui se trouvait sur la ligne
me ramenant à mon hôtel, j’ai vu l’enseigne d’un bar, se dessiner en rouge sur
l’autre rive de la Sprée. J’ai poussé la lourde porte, et là c’est ouvert devant
moi un long bar à cocktails, à la lumière tamisée. Je me suis assise sur un
tabouret haut, et j’en ai commandé un à base de Champagne. Mon pêcher mignon.
Les deux serveurs étaient vraiment très professionnels, et très agiles avec
leur shaker. L’un d’eux parlait même un peu français. Il n’a pas fallu longtemps
pour que l’un des tabourets à ma droite soit occupé. Un homme au sourire étincelant
et au charme fou m’a saluée. A partir de là, a commencé une longue discussion de plus
de 3 heures en anglais. Il est Allemand, à 44 ans, pas marié, pas d’enfant, ici
pour le travail, il est rentré dans ce bar par hasard aussi. Très vite sa main a
glissé sur la mienne, on a ri, on a parle, encore et encore. On est sortis un
peu grisés par l'alcool, dans la nuit glaciale berlinoise. Direction le métro. Lui va dans un
sens, moi dans l’autre. Comme deux ados nous nous sommes embrassés sur le quai.
Moment fou. Bernhard est reparti le lendemain pour Emden, il y vit encore pour
deux semaines, ensuite il part bosser un an en Chine. Nous continuons
d’échanger par messages, cela va s’arrêter, je le sais. Tout est impossible finalement
entre nous, mais j’ai eu l’impression que tout était possible un court
instant ; Plaire, je plais à un homme. C’est bon et rassurant.
Ce
séjour s’est terminé par un retour en avion rempli de rires et de « moments
souvenirs ». J’étais assise à côté de deux jeunes filles. 6 et 11 ans.
Elles voyageaient seules. Après cette semaine bien chargée, j’étais fatiguée et
peu enclin à supporter du bavardage d’enfants (oui c’est moche mais j’assume). Le
steward est venu me voir, agenouillé dans l’allée, pour se mettre à ma hauteur, il m’a expliqué les consignes de sécurité.
En cas de dépressurisation, je mets d’abord mon masque à oxygène, et ensuite
seulement je les aide. Et si on doit évacuer, c’est comme je veux, je les
laisse ou je peux les accompagner à la porte. Ben oui voilà voilà, en plus de
passer deux heures à côté d’une adorable
pipelette après une nuit bien trop courte, je dois aussi imaginer l'éventuel crash.
J’ai ri, mais ri… Mes collègues aussi
d’ailleurs. Bon nos échanges ont été très agréables. Quand elle a su que
j’étais enseignante, la plus grande, Hélène, m’a dit « Ben tu es une
enseignante très rock ». J’ai adoré. Elle a enchainé, en me disant que sa
maman m’avait remarquée à l’aéroport. Elle a dit que tu avais du style. Je les aime bien finalement ces deux jolies petites princesses, j'ai pris avec plaisir ce compliment. Ruby, la plus jeune a été bien plus bavarde
ensuite, elle m’a demandé si j’avais un amoureux. Evidement 14 février oblige,
je lui ai répondu que non, elle m’a dit, moi non plus un peu triste et puis
elle a enchainé avec un « Ah si, j’ai mon papa, c’est mon amoureux ».
Sa sœur a réagi du tac au tac, sans lever les yeux de son livre, « C’est
de l’inceste ça ». Bam, je ris encore. L’avion s’élance sur la piste de
décollage, Hélène n’est pas très bien, elle me dit « Je vais vomir »,
alors là c’est moi qui enchaine rapidement « Ben non pas de vomi, j’ai un rendez-vous
ce soir ! ». Réaction directe de Ruby, « Ben tu m’as dit que
n’avais pas d’amoureux »… Zut elle est maligne cette petite. Alors je me
suis lancée dans une explication simple « C’est un rendez-vous mais ce
n’est pas mon amoureux ». Comment lui dire que je suis la maîtresse de ce
bel étalon qui sera avec moi ce soir. Impossible. J’aurais pu mentir, mais je
n’y ai même pas pensé. J’ai ri encore et encore.
Quand
je me suis aperçue que la petite boule d’énergie à ma gauche n’avait plus de
batterie sur son Ipad et que notre avion avait ses prises USB toutes désactivées
à cause d’un problème technique, j’ai ri, mais jaune cette fois-ci. Impossible
de passer 2 heures à écouter cette mini poupée, elle avait ses pieds sur sa
tablette, commençait à embêter sa sœur, déjà plongée dans un livre. J’ai sorti mon Mac, tant pis, je n’écrirai pas sur ce
vol. Avoir un enfant m’a sauvée. J’ai recherché rapidement dans mon dossier
« films » ce qui pourrait lui plaire. Une bonne partie des films
étaient dans le Cloud, mais miracle, allez savoir pourquoi « La Reine de Neiges »
était téléchargé. Vous auriez vu ses yeux quand je lui ai proposé. Alors voilà, mon ordi ouvert face à elle, les
écouteurs de mon fils qui sont toujours au fond de mon sac vissés dans ses
oreilles et le tour était joué. J’ai
sauvé le trajet de pas mal de monde. Elle avait la voix qui porte cette douce
Ruby. Quand le steward est venu nous
proposer à boire, j’ai dit « un jus d’orange, un jus de pomme et pour moi
un chardonnay » en rigolant, j’avais besoin d’un verre. Je ne pensais pas
qu’il y ait du vin servi sur des vols si courts. Il m’a sorti une bouteille de
Sauvignon en s’excusant, « Je n’ai pas de Chardonay »… Vous n’imaginiez
pas comment j’ai ri, encore.
Ruby
était plongée dans son film, j’ai pu lire tranquillement une bonne heure. On a du ranger la tablette
avant la fin du dessin animé pour préparer l’atterrissage. Elle a donc vite
repris la parole. Elle m’a expliqué sa situation familiale, maman à Berlin et
papa à Paris. C’est lui qui devait les récupérer. Elle m’a demandé ensuite si
j’avais un papa aussi. J’ai dit « oui,
mais il est mort » elle m’a répondu « Ah oui, ça arrive quand on
est vielle ». Mais quelle petite fille incroyable. Un vocabulaire fou, de
la répartie, j’ai adoré ce trajet avec elle et sa sœur.
Une
fois l’avion posé sur le tarmac de l’aéroport Charles de Gaulle, elle m’a dit, « tu sais je crois que toi
et le garçon avec qui tu as rendez-vous ce soir, vous allez avoir une grande grande
grande histoire d’amour », et franchement dans la bouche d’une fillette de
6 ans, avec de yeux si pétillants, c’est vraiment chou. Je n’y crois pas moi.
Il est marié, et pour rien au monde je n’ai envie de faire exploser sa vie. Je
suis l’exotisme qui lui manque sans doute dans son couple. Lui est ma respiration
du moment. C’était, je l’avoue, bien agréable de l’avoir auprès de moi pour
cette soirée de Saint Valentin.
Ce
séjour m’aura aussi permis de rencontrer deux personnes fortes et extrêmement
sympathiques. Deux collègues qui
enseignent à Paris aussi, avec qui j’ai pu partager, lors de nos moments
« libres » de nombreux fous rires, des cafés, des restaurants, des
secrets. On a toutes les trois beaucoup parlé de notre Saint Valentin. C’était
drôle et très différent. Des fleurs, du Champagne, des chocolats; un mari, un
amant, un nouvel amoureux… tout était différent. Mais on a finalement, à nous
trois, rassemblé tous les clichés d'un bon 14
février.
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